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« Copy my right, trade my mark », c’est un des slogans surdimensionnés peint sur les murs extérieurs de Confluences, qui accueillent les visiteurs. L’artiste RERO représente par son travail le propos substantiel du festival Re :Media 2.0 1.0 : la communication d’aujourd’hui et le retournement de ses média.

Remettre en question les médias actuels de la communication, telle est la devise de la quatrième édition du festival pluridisciplinaire organisé par trois collaborateurs : Confluences – la Maison des Arts Urbains, Collectif 12 et Ars Longa. Ensemble, ils proposent une programmation diversifiée qui mêle spectacle vivant, art plastique, arts performatifs et projections cinématographiques.

Ainsi, avec leur pièce <i>Est-ce que le monde sait qu’il me parle ?</i> les metteurs en scène Lear Packer et Nicolas Vercken de la compagnie du théâtre Ktha posent une question pertinente. La cinquième création du collectif s’inscrit dans leur démarche dont l’objectif est le déplacement du spectacle vivant vers l’espace public. Sans faire d’art de la rue, les dramaturges vont à la découverte et recherche des lieux particuliers, en dehors de la salle de théâtre. Des toits d’immeubles, aux stades, tout est bon et tout mérite d’être expérimenté. Les membres explorent les espaces qui sont à la fois fermés et perméable. Cette fois-ci, le spectacle s’installe dans un container ordinaire, aride, et brut. Il réunit à la fois des conventions classiques du spectacle, l’ambiance sonore de la ville et un contexte spatial différent. Ce symbole de déplacement devient au fil du temps un véhicule intemporel.

La lumière est dure. Dans cette ambiance sobre, le public se trouve face aux acteurs, Laetitia Lafforgue et Guillaume Lucas, habillés en uniformes unisexes de style discret, d’un bleu clair, qui transforme leur teint en un gris fade. Ils ne possèdent pas de particularités. Ils sont égaux, comme des surfaces de projection (même au sens littéral).

Enfermé dans un espace très limité, n’ayant pas de la possibilité de recul… La confrontation est directe… L’espace lumineux permet des croisement des regards. La pièce commence par le silence. Dans cet espace étroit les acteurs accumulent une masse gonflante d’images visuelles et auditives, qui change à grand vitesse; qui se transforme irrémédiablement. Le spectateur est aspiré par la saturation des messages, signes, paroles, symboles auxquels nous sommes exposés chaque jour, chaque heure, chaque minute… Tout est répété… Les monologues se poursuivent, se croisent, s’échangent, se doublent, ironiquement, sérieusement, visuellement, mélodiquement – un bruit d’une intensité palpable… jusqu’à l’épuisement.

On rit en tant que spectateur, lorsque les interprètes s’engagent dans une interprétation caricaturale d’un spot publicitaire pour un balai vapeur. On rit tellement il est facile de déchiffrer ces codes publicitaires, on rit, mais en même temps on tombe dans une sorte d’auto-réflexion sur sa propre réceptivité aux outils manipulateurs de la communication publicitaire. D’ailleurs, j’en suis sûre, pendant ou après la pièce, certains spectateurs ont brièvement reconsidéré l’option d’acheter ce outil fabuleux.

<i>Est-ce que le monde sait qu’il me parle</i> nous attrape là où on se croit résistant, conscient et fort, nous montre à quelle point nous sommes susceptible aux flux d’informations appliqués par notre environnement du quotidien.

La fin – la confrontation avec la réalité: Il est là, le monde… et il semble être si anodin…

Après avoir déjà été montré en Chili, <i>Est-ce que le monde sait qu’il me parle</i> engage une tourné mondiale, chaque fois adaptée aux conditions de la communication propres à chaque pays.  Les membres de la compagnie Ktha tirent des éléments de la communication du projet <i>Signalétiques</i> créé par LeGroupeDesCollectionneursDeSignalétiques  au sein du hyper- agent du web 2.0 – facebook. Ce bric-à-brac international forme un nuage écrasent sur les cloisons du foyer de Confluences, composé des « mini-formats » photographiques dont les motifs sont des symboles, pictogrammes, écriteaux etc.

La négation et le renversement des usages habituels se cachent derrière les slogans comme: » J’aurais préféré un mur blanc plutôt que cette affiche de merde.»  Les travaux urbains de l’artiste RERO sont englobés dans les présentations théâtrales, comme par exemple dans la pièce <i>Mode d’emploi du Détournement</i> de la compagnie T .O.C. ( Théâtre Obsessionnel Compulsif), pendant lequel à un moment donné les spectateurs sont dirigés hors de la salle de spectacle et se déplacer dans le foyer. C’est là, en face de la documentation des œuvres de RERO que l’escapade détournée démarre pour poursuivre des idées situationnistes dans les rues de Paris…

Le festival Re :Media mélange ainsi des différentes approches artistiques, pour questionner la place de la communication dans les médias actuels et son influence sur la société.

/Joanna Szlauderbach/ veröffentlich in Mouvement.net am 30/03/2010